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Le blog de debocedric

Varanasi, la ville ou l'on vient mourir

Ca y est, nous nous retrouvons tous les 2 après plus d’un mois et demi passés en compagnie de Chantal et Patrice puis de Marie-France. Le rythme fut tout de même plus soutenu, car en un minimum de temps, il fallait en voir un maximum. Pour Marie-France, nous avons dû souvent modifier et remodifier le planning en raison des conditions climatiques dans l’Himachal. En tous les cas, il nous fallait une pause pour relancer notre « machine à voyager », régler les dernières modalités des mutations (heureusement qu’il y a Marie-Claude …) et partir ainsi plus sereinement. Nous avons donc passé une semaine à Delhi à déambuler dans les rues de Panhar Ganj, surtout en fin d’après midi car la température grimpe de plus en plus jusqu’à la mousson.
Nous avons de même investi le Centre Culturel Français et en avons profité pour faire le plein d’infos sur notre très cher Hexagone, écouter de la musique, feuilleter des revues. Nous avons surtout travaillé à la suite des festivités pour gérer au mieux notre itinéraire : mousson, trekking, Birmanie… Nous avions en effet dans l’idée de retenter le voyage en Myanmar. La première fois, la frontière était fermée depuis la Chine en raison de la révolte des moines Bouddhistes, sévèrement réprimée. Cette seconde fois, c’est le cyclone Nargis qui annihile toute chance de nous rendre dans un des joyaux de l’Asie. Nous avons effectivement pensé qu’une « petite » guerre civile puis une catastrophe naturelle étaient des signaux suffisamment clairs !!! L’ambassade de Myanmar délivre encore au compte-goutte des visas touristiques mais sur 7 occidentaux à attendre les documents nécessaires à son obtention, nous étions les seuls réels touristes, les autres étant des journalistes (TF1, El Pais…) tentant la couverture touristique. Nous, nous abandonnons ce projet et décidons de focaliser les 3 mois restants autour du Népal et l’Inde du Nord-est (Sikkim, Calcutta…). L’Inde est aussi secouée mais par des attentats dans le Rajasthan où 8 bombes ont explosé presque simultanément dans le Baazar de Jaipur. La surveillance des militaires s’est accrue dans tout le pays, surtout dans le Nord. La vie en communauté des différentes confessions n’est pas toujours chose aisée.
Mais avant de quitter l’Inde pour rejoindre le Népal, nous faisons halte à Bénarès, ou Vârânasî, nom indien de cette ville, connue pour ses rites funéraires près du Gange. Vârânasî se trouve à la confluence de 3 cours d’eau : le Gange, Varanu et Asi (ces 2 derniers lui donnent d’ailleurs son nom), ce qui en fait pour les Hindouistes un lieu important de pèlerinage. Pour reprendre une citation de Mark Twain exposé dans notre guide : « Bénarès est plus ancienne que l’histoire, plus ancienne que la tradition, plus ancienne même que la légende ; elle semble 2 fois plus ancienne que tout cela réuni. » Qui plus est, Bénarès est aussi un lieu important dans la religion bouddhiste car c’est dans cette ville (enfin presqu’à côté…) que Bouddha expose pour la première fois les bases des « 4 Nobles Vérités » et rallient à lui ses premiers disciples, c’est le sermon de Bénarès. Fort de ce poids historique, c’est surtout pour y mourir et pour y être incinérer que les Hindous viennent de tout temps à Vârânasî. Mourir ici tend à la libération, Moksha, du cycle infernal des réincarnations (Samsara). Tourne autour de cette croyance toute une organisation très hiérarchisée, c’est en effet une sous-caste d’Intouchables qui s’occupent d’emmener les morts sur les ghâts de crémation. Il est quotidien de croiser dans les ruelles escarpées de la vieille ville, 4 chétifs Hindous en dhoti portant sur un brancard de fortune en bambou un corps enveloppé tout simplement d’un drap blanc ou doré pour les plus riches. Seuls sont directement jetés dans le Gange (car déjà considérés comme Purs) les corps des femmes enceintes, des bébés, des personnes mordues par un serpent et aussi des personnes atteintes d’une maladie de peau (on n’a pas tout compris à ce sujet mais on pense que c’est la variole…). Pour les autres, le rite de la crémation est un passage obligé à la purification de l’âme. Et elle en coutera 250 kg de bois à 150 roupies le kilo.
Les Hindous aisés peuvent choisir des essences de bois plus nobles et plus couteuses. Après le rituel de crémation sur le Manikarnika Ghât, le plus célèbre, on jette au Gange certaines parties des corps encore incandescentes. Comme chaque lieu-saint bordant le fleuve sacré, on peut assister chaque soir à la Ganga Aarti, cérémonie du feu, dont la plus belle est à admirer à Dasaswamedh Ghât.
Nous avions déjà assisté à une telle cérémonie à Haridwar, ville à la source du Gange avec Chantal et Patrice. Et si la ville respire la spiritualité, elle reste tout de même extrêmement sale et bruyante, que nous visitons sous un soleil de plomb (près de 45 C). Vârânasî se voit accueillir près de 60 000 personnes pour leurs ablutions quotidiennes et gérer par la même une catastrophe écologique que subit le Gange, entre rites liturgiques et pollution industrielle. Nous ne retrouvons tout de même pas cette ambiance familiale et malgré tout très empreinte de dévotion, que nous avions ressentie à Haridwar. L‘atmosphère y est plus pesante, moins exaltante et moins passionnée… Les 7 km de ghâts et le contexte parfois funeste n’y sont sûrement pas totalement étrangers. Fort de cette expérience, nous partons pour le Népal, en quête de montagnes, verdures et un peu de fraicheur. Nous passons la frontière à Sunauli (Inde) – Belahiya (Népal) où nous dormons avant d’attaquer les 8 à 9 heures de route de montagne qui nous feront rejoindre Pokara.
Mais déjà une quiétude et une autre ambiance semblent augurer d’un accueil népalais des plus chaleureux.

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