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Le blog de debocedric

Le Sikkim : un peu de bouddhisme dans ce monde hindou

Après 2 mois passés au Népal, il nous faut quitter ce pays chaleureux pour rejoindre une Inde que nous savons beaucoup plus bruyante et sale (et même si Kathmandu y ressemble de plus en plus). Nous optons pour le poste frontière de Biirganj, le plus proche de la capitale, en raison des blocages possibles sur la route de Janakpur à l’est du Népal. Et nous préférons de loin éviter tout transport en bus en privilégiant le train, même en Inde. Nous arrivons donc à Biirganj, poste frontière, où vraisemblablement la mousson a fait plus de dégâts que sur les hauteurs népalaises. Nous prenons un rickshaw (locomotion que nous ne privilégions pas d’habitude mais c’était le seul moyen à notre disposition) pour nous mener au poste de douane à travers tous les camions de marchandises faisant la liaison entre les 2 pays. La transition Népal-Inde est visible à l’œil nu, sans avoir à passer physiquement sous la barrière douanière ; état des routes catastrophiques et inondées, ordures amoncelées tout le long… Ce gentil wallah nous indique la tendance des douaniers indiens à réclamer un supplément salarial auprès des touristes. Pour nous, tout se passe bien, nous en sommes quitte d’un bath thaïlandais pour la collection du Monsieur !!! Nous dormons à Raxaul, le pendant indien de Biirganj, afin de prendre le premier train pour Darjeeling le lendemain matin. Là encore et sans grande surprise, nous renouons avec l’hôtellerie indienne, spartiate, sale et pas ou peu entretenue. Nous partons pour Muzaffarpur, nœud ferroviaire qui nous rapprochera du Sikkim. Le train est bondé, comme d’habitude, nous sommes dans un « local train », où les premiers entrés sont les premiers assis, sans aucune limite du nombre de voyageur.
Comment se plaindre, alors que nous avons une place assise près de la fenêtre, un luxe ! Il convient ici de citer Gandhi qui avait pris l’habitude de voyager en 3ème classe et voici comment il présentait ses pérégrinations : « L’indifférence de l’administration des chemins de fer à l’égard du confort des voyageurs de 3ème classe, jointe aux habitudes de saleté et de négligence des voyageurs eux-mêmes, fait d’un trajet en 3ème une véritable épreuve pour le voyageur habitue à la propreté. Entre autres coutumes déplaisantes, il n’est pas rare de voir les gens jeter sur le plancher les détritus de toute sorte, fumer à toute heure et en tous lieux, chiquer le bétel et le tabac, changer le wagon entier en crachoir, crier et brailler, s’exprimer en langage peu choisi au mépris des aises et du confort de leur compagnons de route. Je n’ai trouvé que peu de différence entre mon expérience de 3ème en 1902 et celles des grandes tournées que j’entrepris de 1915 et 1917 […]. » (Autobiographie ou mes expériences de vérité)

Autant dire qu’à la lecture de ce passage, nous aurions pu reprendre à notre compte cette description. Pour autant et amélioration notable, les gens ne fument pas dans le compartiment mais la place à côté de la fenêtre peut être tout aussi dangereuse pour son pantalon, car les demandes de crachats sont perpétuelles. Quant au langage « peu choisi », nous ne pouvons en attester, notre connaissance de l’Hindi se limitant aux formules de politesse. Il faut aussi reconnaitre que la curiosité des indiens rend le trajet attrayant en répondant aux multiples questions qu’ils nous posent. Nous continuons d’ailleurs vers Barauni sur les conseils de nos compagnons de voyage. Nous y arriverons en fin de journée, et nous sommes encore loin de Darjeeling et le Sikkim. A Barauni, il nous faut prendre la file d’attente et après une heure de queue, le comptoir ferme sans que nous ayons pu obtenir de billet pour le prochain train de nuit. On nous conseille de monter dans le train et de voir avec le contrôleur qui nous délivrera un billet à ce moment là. Nous attendons donc jusqu'à une heure du matin dans la gare. Comme toute gare indienne, remplie à toute heure, elle se transforme en dortoir géant. N’y dorment pas la nuit les gamins de rues y arpentant les quais pour y trouver quelques bouts de plastiques à recycler et peut être aussi à manger.

A 2 h du matin, notre train arrive, nous y montons comme prévu et comme 4 autres indiens dans la même situation. Mais le contrôleur n’est pas de cet avis, il nous laissera choir près des toilettes, entre 2 wagons.
Bref, nous avons tout de même payé une place majorée en couchettes 3ème classe le lendemain matin avec un nouveau contrôleur. Mais nous sommes arrivés sans encombre et le plus rapidement possible aux portes du Sikkim (tout de même 3 jours depuis la capitale népalaise…). Car il nous faut encore prendre un bus et 6 h de route pour rejoindre Pelling dans la partie ouest du Sikkim. Il nous faut alors prendre un taxi collectif pour nous mener à la station routière qui desserre cette destination. Le trajet n’est pas désagréable, nous devons montrer notre permis à l’entrée du district. Le Sikkim est en effet enclavé entre le Népal, la R.D. de Chine et le Bhoutan. A cette fin, les autorités indiennes délivrent facilement un permis touristiques de 15 jours à toute personne voulant visiter la partie sud du Sikkim. Mais la partie centrale est elle aussi soumise à d’autres permis plus restrictifs. Enfin la partie la plus septentrionale et frontalière est totalement interdite. Cette position géopolitique rend la région à forte influence bouddhiste et affluence tibétaine. Autre particularité, le parti politique dirigeant le district : le S.D.F. (Sikkim Democratic Front) ayant pour symbole un parapluie, passe pour le parti « écolo » de l’Inde, ce qui n’est pas rien ! Il y a interdit les sachets plastiques (tout est enveloppé dans du papier journal) et des écriteaux rappellent que des amendes punissent le jet de détritus par terre. Alors, effectivement, c’est un peu plus calme et propre que le reste de l’Inde !

Pelling est perché à 2011 m d’altitude, et nous nous installons sur les hauteurs de la ville. Les hôtels et les lodges s’enchaînent sur les 2 km de route serpentant le flanc de montagne, donnant l’impression que le village ne se borne qu’à son complexe hôtelier. Les hébergements sont tous vides de touristes, nous n’avons que l’embarras du choix. Pelling est une station connue comme point de départ de trek dans la région et surtout pour sa vue sur le Kanchendzonga, 3ème sommet le plus haut du monde avec ses 8598 m ! Pour nous, la saison des pluies ne favorisent pas les randonnées, nous partirons uniquement 4 jours autour des sites monastiques bouddhistes. Pour ce qui est de la vue, chanceux que nous sommes, elle se dégagera un matin à 7 h, le temps de la photo !!!

Première étape de notre  « Tour des 3 Monastères » qui nous ne mènera pas bien loin, le Pemayangtse Monastery, à 2 km de Pelling. Signifiant « lotus sublime et parfait », il est l’un des gompa des Nyimgmapa (Bonnets rouges), le plus important et des plus anciens monastères du Sikkim. Sur 3 étages, on peut admirer tout d’abord la salle de cérémonie puis les 8 incarnations de Padmasambhava (ou Guru Rimpoche en tibétain) ayant introduit le tantrisme au Tibet. C’est pour cela qu’à l’étage, les rénovations des fresques sont pudiquement cachées par des voilages… on peut y découvrir en dessous Padmasambhava en bonne compagnie. Au dernier étage trône le Zandog Pahi, maquette de la demeure céleste du guru qu’un lama a mis 5 ans à fabriquer. La deuxième étape nous conduit à pied au Khecheopalri Lake à 1950 m d’altitude, un lac sacré et révéré par les bouddhistes qui pensent que les oiseaux ôtent avec diligence les feuilles tombant à sa surface. Jolie légende même si nous n’avons constaté aucune feuille effectivement !!! Le lendemain nous partons vers Yuksom, ancien centre politique et capitale du Sikkim. Un trône en pierre, le Norbugang, rappelle ce pan de l’histoire. L’autre attrait de Yuksom, en dehors du fait d’être le point de départ du trek de Goecha-la au pied du Kanchendzonga nécessitant un permis spécial, c’est son gompa. Le Dubdi Gompa est le plus ancien monastère datant de 1701.
Il a fière allure et ses pierres brutes lui donnent encore plus de présence. Il faut une bonne ½ heure de montée pour y parvenir, sur un chemin glissant accentué par la pluie. 2 nouveaux monastères ont été récemment construits et il nous faut une seconde journée pour en admirer tous les détails. Enfin, la dernière étape de cette boucle de 80 km est Tashiding. Dernier monastère aussi du 18ème. Malheureusement, les chiens errants y sont plus nombreux que les moines. Nous y montons en fin de journée. La vue doit y être magnifique lorsque le temps est découvert. Nous le visitons dans le brouillard, rajoutant encore à son côté abandonné. Nous terminons notre marche sur Legship, nœud routier des jeeps qui seules peuvent assurer les liaisons entre les villages. Legship est confronté à un gros glissement de terrain séparant le village en deux ; des jeeps arrivent en amont laissant les voyageurs continuer à pied et retrouver d’autres véhicules en aval pour poursuivre leur chemin. Nous retrouvons Pelling, ses momos (raviolis tibétains), ses aloos parathas (galettes de pommes de terre) et surtout sa lotus Bakery qui nous prépare un pain délicieux tous les matins.

Nous quittons la partie occidentale du Sikkim pour rejoindre sa capitale, Gangtok, ville à l’architecture un peu anarchique et déstructurée. Son Engchey Gompa ne vaut pas ceux que nous avons visités en randonnée. Mais son Lal  Market est fort intéressant et nous ouvre l’appétit dès que nous déambulons entre ses étals.

 

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